Ne cédons pas à la fascination du malheur

Publié le par Paroisse Lillois

Après le coup, le contrecoup. 
Ce nouveau confinement n’a pas le même retentissement que le premier. 
Depuis sa maison en bois perchée dans le massif des Vosges, la théologienne protestante nous propose des ressources tirées de son expérience et de la lecture de la Bible pour traverser cette période.
Rares sont les périodes aussi sombres que celle que nous traversons en France en ce moment…
C’est vrai que nous sommes touchés en rafales : cette reprise épidémique, l’assassinat de Samuel Paty, le reconfinement, les attentats de Nice… 
Tout cela exacerbe notre sentiment de vulnérabilité. 
Plusieurs amis me disent : « Moi, je n’écoute plus les infos… » 
Je peux comprendre cette urgence à se protéger, à traverser un moment de retrait. 
Ce qui m’inquiéterait, c’est que cette protection mise en place à un moment donné, ce repli, devienne un pli. 
Que toute cette actualité accroisse les individualités, plutôt que la conscience d’appartenir à quelque chose de plus grand.

 
Nous sommes des êtres individuels, nous pensons d’abord à nos frustrations, à nos blessures personnelles. 
C’est difficile d’accueillir ce sentiment et de le dépasser en même temps. 
Se dire qu’il y a bien pire autour de nous, qu’il y a des situations de deuil et de menaces profondes, notamment sur le plan économique. 
C’est cette mise en tension permanente, entre donner la parole à mon ego blessé – qui fait partie de la dynamique de mon être et qui n’est pas juste à abattre – et quelque chose de plus vaste.
Comment un seul homme est-il capable de ce changement d’échelle perpétuel, entre lui et le monde ?
Je pense qu’il faut renoncer au fantasme de l’harmonie. 
Ce qui est tyrannique, c’est l’injonction d’un va-et-vient fluide et harmonieux entre le regard que je pose sur moi et celui que je pose sur le monde. 
C’est un équilibre tout sauf harmonieux, c’est une succession de déséquilibres, de ruptures et de provocations. 
Je dois assumer de n’avoir jamais un rapport ajusté entre moi et l’autre, moi et moi-même, moi et le reste du monde. 
Le leurre serait de penser qu’il y a une façon d’être à tout ça. 
L’idée est de se laisser provoquer ! 
Si je me replie sur ma famille, quelque chose du monde viendra me chercher. 
J’ai confiance dans le fait que je ne vais pas m’y complaire, je vais me laisser rappeler par l’urgence du monde, de la société, des autres.
Ce n’est donc pas grave, selon vous, de se replier du monde pendant un temps ?
C’est normal de s’investir plus ou moins en fonction des périodes de sa vie, il faut savoir se détacher par moment pour renouer avec son imaginaire. 
On peut tomber sous le poids de la culpabilité, mais ce qui est réconfortant, je trouve, c’est cette course de relais, car pendant que je me replie, le relais est en marche. 
Se retirer, c’est parfois laisser une place à l’autre là où je prenais toute la place. 
En mon absence, les choses se feront autrement, et cette étrangeté viendra me « re-provoquer ». 
Si j’étais là, toujours connecté, tout me serait familier, sauf que le familier à outrance, c’est la consanguinité, c’est la fin de la fécondité. 
Cela rappelle un des concepts de la kabbale dans la tradition juive, le tsimtsoum. Dieu se rétracte en lui-même pour laisser le monde advenir.

 
À l’échelle de la société, ça n’a de cesse d’arriver, les places se rejouent, cela a quelque chose à voir avec la mort, quelque part… 
Car partout où je ne suis pas, il y a la possibilité pour d’autres d’être. 
Ce n’est pas confortable pour l’ego, de tenir dans la main droite son irremplaçabilité et dans la gauche sa remplaçabilité. 
Ce sont les mots de l’écrivain Jean Sulivan : «Quand un homme a compris à la fois son importance et son inimportance, il devient libre, insolent et amical". 
Vous aimez le mois de novembre ?
Longtemps, je n’ai pas apprécié ce mois, mais j’ai fini par l’aimer. 
Pour beaucoup de personnes, c’est le moment où tout est en train de mourir, et vient s’ajouter l’ambiance morbide de l’actualité. 
J’ai commencé à aimer novembre lorsque j’ai fait une formation agricole. 
J’ai compris que c’était un mois de mouvement, de gestation, de montée en graine. 
Et ce verset tellement rabâché mais essentiel a pris tout son sens : « Si le grain ne meurt... » 
C’est si profond et ajusté à l’existence humaine.
Novembre, c’est un mois où se prépare quelque chose. 
J’y vois, comme dans la nuit, une métaphore du retrait, du silence, un temps à prendre pour accoucher du lendemain.
Comment avez-vous réagi à l’annonce du second confinement ?
Je me suis dit, comme beaucoup, « on va donc vivre comme ça… » 
Au printemps, c’était exceptionnel, mais là, ça ne l’est plus. 
C’est la question du coup et du contrecoup. 
Un des refuges psychiques du premier confinement a été la sidération, un sentiment assez protecteur. 
J’ai observé, lorsque j’étais aumônier d’hôpital, qu’à l’annonce d’un diagnostic très mauvais, le patient ne l’entendait pas. 
Quelque chose de la sidération faisait court-circuit. 
Émotionnellement, nous fonctionnons un peu comme le système électrique de nos maisons ! 
Aujourd’hui, contrairement au mois de mars, nous n’avons plus le fusible de la sidération. 
En mars, nous nous sommes sentis investis par quelque chose de l’ordre de l’urgence, de l’exception, de l’extraordinaire. 
Je pense aux soignants, aux enseignants, à toutes les personnes qui ont continué à travailler et ont déployé une énergie spectaculaire dans l’urgence. 
Une course de vitesse, un sprint. 
Sauf qu’on ne se prépare pas du tout de la même manière à une course d’endurance. 
Et ce qui me paraît difficile aujourd’hui, c’est de devoir transformer l’énergie d’un sprint en celle d’une course de fond.
Que dit ce que nous vivons de notre rapport à la mort ?
Nous avons une ambition qui me paraît légitime, qui est aussi la mienne, de souffrir le moins possible, de s’éviter le maximum de souffrance et de frustration, sachant que la frontière n’est pas nette entre ces deux mots. 
Ce qui m’inquiète, c’est que j’ai le sentiment qu’on s’épuise. 
Comme si nous étions arrivés à la limite de ce qu’on peut espérer. 
Je ne tiens pas cette réflexion par dolorisme, mais je constate que moins je souffre, moins je suis tolérante à la souffrance. 
Moi la première, c’est quelque chose que j’ai dû apprivoiser. 
J’ai eu une existence privilégiée, il me suffit de me projeter soit ailleurs dans le monde soit ailleurs dans l’histoire pour me rendre compte que je suis très facilement anéantissable, car je n’ai pas eu l’occasion de faire mes armes avec ou contre la souffrance…
Faut-il regretter de n’avoir jamais ou pas assez souffert ?
C’est une question que je me pose parfois par rapport à mes deux fils. 
Quand je rentre à la maison avec des éléments d’une menace extérieure destructrice, de dangers liés aux sujets que nous abordons notamment autour de la pédocriminalité et des abus sexuels à la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église) ou de dossiers sensibles au CCNE (Comité consultatif national d’éthique), je me pose la question : comment introduire cette menace à dose vaccinale pour que mes enfants n’ouvrent pas les yeux brutalement en sortant d’une enfance privilégiée ?
Ils ont eu leur lot de petits malheurs, bien sûr, car l’enfance et l’adolescence ne sont pas des mondes toujours tendres. 
Mais notre système immunitaire psychique et spirituel demeure en Occident extrêmement fragile, car l’évacuation de la mort et de la vulnérabilité ne lui a pas permis justement de « s’entraîner » face au grand malheur. 
L’expérience du grand malheur, aujourd’hui et en France, isole, marginalise les personnes qui le traversent. 
Ces personnes frappées déambulent dans un espace quasi publicitaire d’injonction au bonheur, d’images de réussite, et errent au milieu de ce décor comme des fantômes qu’on ne veut pas voir… 
Nous manquons de… (Elle marque une pause) « culture » en cas de malheur, à titre individuel et collectif, pour dessiner, en soi et ensemble, un chemin pour le traverser.
Certains professionnels, en France, côtoient la maladie et la mort tous les jours…
Ceux-là sont « entraînés », oui. 
Les médecins, les infirmiers, toute la chaîne d’urgence, mais les religieux aussi. 
J’ai un ami pasteur qui a enterré son propre père. 
Quand je lui ai demandé comment il faisait pour rester en paix, il m’a répondu qu’il côtoyait la mort tous les jours.
C’est ce qu’on appelait au Moyen Âge les Ars moriendi. 
Le fait d’être inconditionnellement vivant et, en même temps, de se savoir voué à la mort. 
Cela rejoint la tension entre notre importance et notre inimportance, vivre des occasions d’apprivoiser notre fin. 
Un de mes fils aime regarder l’émission « Koh-Lanta ». 
La dernière fois, j’ai regardé avec lui. Et j’en suis ressortie abasourdie… 
Je ne regrette pas de l’avoir regardée ! Je me suis dit : voilà, la réaction aux efforts de plusieurs générations pour nous libérer de la souffrance, c’est d’aller se mettre sur une île déserte, de ne plus manger, de se rouler dans la boue, de prendre des coups de soleil, de se faire dévorer par les moustiques, et surtout, de se laisser manipuler par une production télévisuelle qui recrée des conditions de haine. 
Pourquoi ? Dans ces moments-là, j’en viens à me dire : vraiment, l’Occident s’ennuie.
Vous l’avez dit à votre fils ?
Oui, je lui ai demandé ce qui l’intéressait dans une émission comme celle-ci. Il a encore du mal à analyser, mais au moins il m’entend maugréer, m’offusquer… et du coup, il n’a plus du tout envie de regarder « Koh-Lanta » avec sa mère !
Dans cette émission, comme dans la société, l’émotion a remplacé tout le reste…
Le problème, ce n’est pas l’émotion. L’émotion surgit, par principe, et ce n’est ni bien ni mal. 
L’émotion doit être accueillie pour ce qu’elle est. 
Une émotion négative qui n’est pas traitée comme une émotion génère une réaction vive, une colère ou une rancœur qui peut dévier la pensée, alors mieux vaut prendre le temps de l’émotion pour elle-même, au lieu de la trimbaler avec soi, mal digérée, s’infiltrant dans toute tentative de penser...
La période que l’on vit provoque en nous des émotions vives justement, comment faire pour les laisser infuser ?
L’émotion négative me brûle, elle me met en situation de vouloir réagir. 
Il faut s’offrir un temps à soi, pour ne pas maltraiter l’émotion. 
Lorsque je ressens une émotion, je me dis : « Attention Marion à ce que tu vas dire, à ce que tu vas faire. » 
Pendant ce premier confinement, j’ai été traversée par plein de tentations liées à mes émotions. 
Mais je n’ai cessé de me répéter : « ça n’est pas le moment de prendre de grandes décisions. » 
Cette idée du « temps pour tout » de L’Ecclésiaste est très opérationnelle. 
Il ne s’agit pas de maîtriser ses émotions, c’est impossible, mais de les reconnaître. 
L’idée est que mon émotion ne transforme pas mes actions en réactions. 
Et si on ne peut s’empêcher de parler sous le coup de l’émotion, il est bon au moins d’en informer son interlocuteur : « Je vais parler sous le coup de l’émotion. » 
C’est un exercice exigeant. 
Une émotion, c’est un enfant qui pleure. 
Il faut lui accorder suffisamment de douceur, de temps et de bienveillance si on veut qu’il s’arrête de pleurer pour de bon.
Lorsque vous siégez dans les commissions du CCNE, vous intervenez sur des questions de société dans une société laïque. Parler au nom d’une croyance revient-il au même que parler sous le coup d’une émotion ?
Au CCNE, j’interviens pour représenter la diversité des croyances, les familles philosophiques et spirituelles au cœur d’une société où ce ne sont pas les croyances qui gouvernent les décisions politiques. L’émotion, comme la croyance, n’est pas un problème en soi. 
Le problème, c’est quand je les confonds, quand je ne préviens pas mon interlocuteur que c’est l’émotion ou la croyance qui s’exprime. 
Le problème c’est quand je confonds « ressentir » et « penser », quand je confonds « croire » et « savoir ». 
Et aujourd’hui, nous sommes face à un double problème. 
On ne sait plus croire, par contre, on croit savoir.
D’où l’importance des mots…
Des mots, et du temps. 
D’où l’importance aussi d’observer ce que je suis en train de vivre. 
Ce n’est pas pareil de ressentir une émotion, de se laisser traverser par une pensée, de tisser une connexion entre deux choses que j’ai lues, ou de créer une interaction. 
Les mots justes surgissent de cet espace que je laisse reposer. 
Les amalgames et les confusions arrivent souvent par manque de temps, de recul. 
On en revient à l’automne, à la gestation, à la nuit, au silence, au fait, aussi, de faire confiance aux autres pour prendre le relais. 
Nous ne sommes pas non plus obligés d’avoir un avis sur tout, en tout temps…
Comment, chacun à notre niveau, peut-on contrer le cynisme ambiant ?
La tentation est grande d’avoir une réaction à la réaction, c’est l’engrenage que je redoute en ce moment. 
Les réactions en chaîne. 
Comment j’endosse ma responsabilité individuelle pour ne pas réagir à la réaction, pour ne pas donner un nouveau coup de pelle dans la faille déjà creusée? 
On a vu la société se fissurer, on la voit maintenant se diviser… 
Je ne sais pas réparer cela, ni même le penser dans toute la complexité que cela représente. 
Mais je pense qu’il faut résister à la fascination que peut opérer l’extraordinaire de la violence, du scénario catastrophe. 
Prudence. Je parle là en tant que croyante. 
Nous sommes dans un combat spirituel. 
Pour moi, la spiritualité est associée à la lucidité, à cette capacité à prendre du temps pour essayer de se mettre en présence de ce qui se passe à l’intérieur de soi, de ce qui fait sens ou non. 
Cela relève de notre responsabilité individuelle de ne pas céder à la fascination du malheur. 
Dans l’incertitude, est-ce que je vois une promesse ou une menace ? 
Tout est possible. Le tout est de ne pas se figer. 
Personnellement, je passe mon temps à faire contrepoids. 
Face à quelqu’un d’optimiste, je réponds : « Ah oui, tu crois vraiment ? » 
Et face à un pessimiste, je désamorce et j’opte pour l’humour. 
Toute la question est de ne pas perdre l’audace, le mouvement, la vitalité de la pensée, et de ne pas être dans une posture.
Comment dans une discussion peut-on concrètement briser l’effet de réaction en chaîne ?
En écoutant l’autre. 
En lui posant surtout des questions. 
En lui demandant : qu’est-ce qui t’intéresse dans cette idée ? Qu’est-ce qui t’intéresse dans tout ça ? 
Et surtout pas en lui disant : « Ah non, tu vas pas t’y mettre, toi aussi, à la théorie du complot ! » 
C’est le meilleur moyen pour que l’autre se fige. 
Tous ces jours-ci, nous risquons de creuser les fractures qui nous séparent, en stigmatisant celui qui ne pense pas comme nous. 
Mais il faut faire l’effort de ne pas « accumuler la rancune patiemment », selon l’expression de Brassens (dans sa chanson Brave Margot, NDLR). 
Il faut essayer de donner la parole à l’autre pour que l’autre déploie sa pensée jusqu’au bout. 
La pédagogie, c’est lancer une corde entre soi et celui que l’on cherche à atteindre. 
Une fois la corde lancée, tu as l’espoir que l’autre rejoigne ta rive, mais si l’autre ne le fait pas, c’est à toi de faire un bout de chemin. 
Ça ne veut pas dire changer de point de vue, et ça ne veut pas dire relativiser. 
En fait, ce dont on parle depuis tout à l’heure, c’est de la question de l’ascèse, de cette quête de l’équilibre, cette capacité à retenir quelque chose en moi, parce que ce n’est pas le bon moment, pas la bonne personne, pas la bonne intentionnalité. 
L’ascèse doit me permettre de repérer ce qui n’est pas ajusté dans ma motivation.
Comment aidez-vous vos enfants à croire en l’avenir ?
Je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de moi pour y croire ! (Elle éclate de rire.) Au contraire. 
Ce que j’essaie de faire, c’est plutôt de ne pas les dégoûter dans leurs élans. 
Nous avons élevé nos enfants dans l’idée de la pluralité, chère à la philosophe Hannah Arendt, qui m’a beaucoup nourrie. 
Cette pluralité est le gage de ne pas être cloisonné dans une culture familiale fermée sur elle-même. 
Donc ma question est plutôt, comment aiguiser leur lucidité ? 
On reproche souvent à la jeunesse d’être blasée, ce n’est pas celle que je connais de mes enfants ni de leurs amis, mais je ne suis pas un sondage Ipsos... 
Je vois une jeunesse, je ne prétends pas voir la jeunesse. 
Les jeunes comme les adultes vont attendre impatiemment le prochain café en terrasse, et il y a du bon à ça : de toutes petites choses que nous croyions dues sont en pleine inflation de valeur et de saveur ! 
On a gagné en humilité, en profondeur et en reconnaissance… 
Cela nous a replongés dans une « célébration du quotidien », pour reprendre les termes de Colette Nys-Mazure. 
Pour moi, la plus grande des vertus, c’est la curiosité. 
Et j’ai l’impression d’être entourée de jeunes qui sont curieux. 
La curiosité nous sauvera toujours de tout. 
Se dire, en toute circonstance : je suis en train de m’instruire. 
Si la curiosité s’accompagne d’une lucidité, d’une délicatesse, d’une ascèse, c’est le moteur le plus sain. Car quand l’appétit va, tout va !
Pourquoi elle
Épidémie, dont on ne sait quand on sortira. 
Violence redoublée des islamistes, qui nous laissent pantois d’effroi. 
Comment, dans cet hiver sombre, tenir ? 
Comment espérer, malgré tout ? 
Cet été, les chroniques de Marion Muller-Colard nous avaient accompagnés dans La Croix L’Hebdo, nous invitant à vivre non dans le monde d’après ni dans le monde d’avant, mais dans le temps présent. 
Théologienne protestante, elle assume un message d’espoir, de foi et de lucidité. 
À l’heure de ce second confinement, nous avons voulu lui redonner la parole, une parole qu’elle confronte aux textes bibliques et à sa bibliothèque intérieure. 
Si elle se méfie des prises de position en public, en particulier dans les temps incertains, c’est avec un style sans détour qu’elle s’est prêtée au jeu. 
Et ça fait du bien !
Marion Muller-Colard /Francesca Mantovani/Opale

Paru dans La Croix des 7-8 novembre 2020

(merci à Jacqueline de m'avoir partagé cet article) 

les propos tenus dans cet article n'engage que son auteur

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