saint Léon Le Grand, Père de l'Eglise

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Léon le grand

 

« Réveille-toi, ô homme, et reconnais la dignité de ta nature ! Rappelle-toi que tu as été créé à l’image de Dieu. »

 

Saint Léon est originaire de Toscane .Il fut élu pape  en 440, succédant à Sixte III. Dès avant cette date, il était diacre et occupait une place prépondérante dans le clergé romain. Quand il fut élu il était chargé d’une  mission politique en Gaule. Premier Evêque de Rome à porter le nom de Léon, adopté ensuite par douze autres Souverains Pontifes, il est également le premier Pape dont nous soit parvenue la prédication qu'il adressait au peuple qui se rassemblait autour de lui pendant les célébrations. Nous ne savons rien de sa jeunesse. Nous sommes au tout début de la chute de l’empire Romain d’occident. Les wisigoths ayant saccagé Rome en 410, l’empereur ne réside plus à Rome mais à Ravenne. Le Pape Léon vécut à une époque très difficile:  la répétition des invasions barbares, le progressif affaiblissement en Occident de l'autorité impériale et une longue crise sociale avaient imposé à l'Evêque de Rome - comme cela devait se produire de manière encore plus forte un siècle et demi plus tard pendant le pontificat de Grégoire le Grand - d'assumer un rôle important également dans les événements civils et politiques. Cela ne manqua pas, bien évidemment, d'accroître l'importance et le prestige du Siège romain. Son pontificat durera 20 années.

Sa mission pontificale fut marquée par trois aspects

1 Gardien de l’orthodoxe. Concile de Chalcédoine : foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme

Se déroulant en 451, avec la participation de trois cent cinquante Evêques, ce Concile fut la plus importante assemblée célébrée jusqu'alors dans l'histoire de l'Eglise. Chalcédoine représente le point d'arrivée sûr de la christologie des trois Conciles œcuméniques précédents: celui de Nicée de 325, celui de Constantinople de 381 et celui d'Ephèse de 431. Au VI siècle, ces quatre Conciles, qui résument la foi de l'Eglise des premiers siècles, furent en effet déjà comparés aux quatre Evangiles: c’est ce qu'affirme Grégoire le Grand dans une lettre célèbre (I, 24), dans laquelle il déclare "accueillir et vénérer, comme les quatre livres du saint Evangile, les quatre Conciles", car c'est sur eux - explique encore Grégoire - "comme sur une pierre carrée que s'élève la structure de la sainte foi". Le Concile de Chalcédoine - repoussant l'hérésie d'Eutichios, qui niait la véritable nature humaine du Fils de Dieu - affirma l'union dans son unique Personne, sans confusion ni séparation, des deux natures humaine et divine.

Cette foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, était affirmée par le Pape dans un important texte doctrinal adressé à l'Evêque de Constantinople, qui s'intitule Tome à Flavien, qui, lu à Chalcédoine, fut accueilli par les Evêques présents avec une acclamation éloquente, dont la description est conservée dans les actes du Concile:  "Pierre a parlé par la bouche de Léon", s'exclamèrent d'une seule voix les Pères conciliaires.

Il lutta aussi contre le pélagianisme et le manichéisme.

Pélage soutient que l’homme peut être sauvé par sa seule liberté et s’abstenir du péché.

Le manichéisme est une doctrine  religieuse conçue par Mani, fondée sur la coexistence et l'antagonisme de deux principes cosmiques égaux et éternels: le bien et le mal; conception qui admet le dualisme antagoniste d'un principe du bien et d'un principe du mal.

2  Pasteur, se sentant l’héritier de Pierre l’apôtre , renforce l’autorité du siège de Rome sur les Eglises…

Les œuvres de Léon sont encore des actes du pasteur et du docteur. Ses cent soixante-treize Lettres sont autant de documents qui illustrent la vie de l'Église et le gouvernement du pontife. Léon est le premier pape, et le seul avant Grégoire le Grand, dont nous ayons conservé des Sermons. Il en reste quatre-vingt-seize, généralement assez courts, qui ont été prêchés au long de l'année liturgique. Dans une langue sobre et dense, simple et majestueuse, ils exposent les mystères du Christ, présents à nouveau dans le mystère de la fête liturgique, exhortent au jeûne et à l'aumône, prêchent le dogme de l'Incarnation tel qu'il sera défini à Chalcédoine (voir les sermons de Noël, XXI et suivants). Les sermons que Léon prononça à l'occasion de l'anniversaire de son ordination (I-V) exposent la conception qu'il se fait de son rôle de pontife, héritier de l'autorité conférée par Jésus à Pierre : Pierre est toujours présent et vivant dans l'Église et dans son successeur, à qui il transmet, avec la solidité de sa foi, son autorité suprême. Aussi est-ce au seul siège de Pierre, « siège apostolique » (siège de l'Apôtre), que revient le soin de l'Église universelle. Léon partage avec les évêques « la sollicitude » pour toutes les Églises, mais non « la plénitude du pouvoir » (Ep., XIV, 1). Au reste, il entend garder « la modération épiscopale ».

Il refusera de souscrire à un article du concile faisant de Constantinople la deuxième Rome.

Léon  sut être proche du peuple et des fidèles à travers l'action pastorale et la prédication.  Il  anima  la  charité dans une Rome éprouvée par les famines, l'afflux des réfugiés, les injustices et la pauvreté. Il fit obstacle aux superstitions païennes et à l'action des groupes manichéens. Il relia la liturgie à la vie quotidienne des chrétiens: en unissant par exemple la pratique du jeûne à la charité et à l'aumône,

Homélie de saint Léon le Grand pour Noël

« En naissant comme un homme véritable, notre Seigneur Jésus Christ n’a jamais cessé d’être vrai Dieu ; il a réalisé en lui les débuts d’une création nouvelle et il a donné au genre humain, par la manière dont il est né, un principe spirituel. Quel esprit pourrait comprendre ce mystère, quelle langue pourrait décrire ce bienfait divin ? L’iniquité revient à l’innocence, la vieillerie retrouve la nouveauté. Les étrangers reçoivent l’adoption et les gens de l’extérieur sont admis à l’héritage. ~

Réveille-toi, ô homme, et reconnais la dignité de ta nature ! Rappelle-toi que tu as été créé à l’image de Dieu. Si, en Adam, elle a été dégradée, dans le Christ elle a été restaurée. Use des créatures visibles, comme il faut en user, comme tu uses de la terre, de la mer, du ciel, de l’air, des sources et des fleuves. Tout ce qu’il y a en eux de beau et d’admirable, rapporte-le à la louange et à la gloire du Créateur.

Expérimente par les sens de ton corps la lumière sensible, mais avec tout l’élan de ton esprit embrasse cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde et qui fait dire au Prophète : Approchez-vous d’elle et soyez éclairés, et vos visages ne connaîtront pas la honte. Car, si nous sommes le temple de Dieu et si l’Esprit de Dieu habite en nous, ce que chaque fidèle porte dans son âme a plus de valeur que ce qu’on admire dans le ciel.

Fils bien-aimés, nous ne voulons pas pour autant vous prescrire ou vous conseiller de mépriser les œuvres de la nature ou de juger qu’il y ait quelque chose d’opposé à votre foi dans ces choses bonnes que le Dieu bon a créées. Nous voulons seulement que vous usiez raisonnablement et avec réserve de toute la beauté des créatures qui font l’ornement de l’univers. Car, dit l’Apôtre, ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.

Nous sommes nés au monde présent, nous sommes renés pour le monde futur. Aussi nous ne devons pas nous consacrer aux biens temporels, mais tendre aux biens éternels. Et pour que nous puissions considérer de plus près ce qui fait notre espérance, réfléchissons à ce que la grâce divine a procuré à notre nature. Écoutons ce que dit l’Apôtre : Vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors, vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire ; lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles »

3 La défense de Rome

Lors de l’approche des huns avec leur chef Attila, Il défend la ville de Rome en se rendant auprès d’Attila revêtu de ses ornements pontificaux et obtient la paix ;Il réussit à persuader Attila de ne pas entrer dans Rome afin  de ne pas la piller. Trois ans plus tard il obtient de Genséric, le roi vandale  de ne pas bruler Rome  et de ne pas massacrer les habitants.

Léon le grand fut proclamé docteur de l’Eglise (en occident) en 1754 par son lointain successeur Benoît XIV.

 

Il est bon d’entendre, en ces temps troublés, saint Léon qui nous invite à la sagesse, sagesse chrétienne qui consiste à vivre dans l’humilité du christ, à se faire petit et non chercher la grandeur de ce monde.

St Léon le GrandSermons pour l’Épiphanie, VII, 2–3

« Lorsque les trois mages eurent été conduits par l'éclat d'une nouvelle étoile pour venir adorer Jésus, ils ne le virent pas en train de commander aux démons, de ressusciter des morts de rendre la vue aux aveugles, ou la marche aux boiteux, ou la paroles aux muets, ni d'accomplir quelque acte relevant de la puissance divine ; non, ils virent un enfant gardant le silence, tranquille, confié aux soins de sa mère ; en lui n'apparaissait aucun signe de son pouvoir, mais il offrait à la vue un grand prodige, son humilité. Aussi le spectacle même de ce saint enfant auquel Dieu, Fils de Dieu, s'était uni, présentait aux regards un enseignement qui devait plus tard être proclamé aux oreilles, et ce que ne proférait pas encore le son de sa voix, le simple fait de le voir faisait déjà qu'il l'enseignait. Toute la victoire du Sauveur, en effet, victoire qui a subjugué le diable et le monde, a commencé par l'humilité et a été consommée par l'humilité. Il a inauguré dans la persécution ses jours prédestinés, et les a terminés dans la persécution ; à l'enfant n'a pas manqué la souffrance, et à celui qui était appelé à souffrir n'a pas manqué la douceur de l'enfance ; car le fils unique de Dieu a accepté par un unique abaissement de sa majesté, et de naître volontairement homme et de pouvoir être tué par les hommes.

[...] Aussi toute la pratique de la sagesse chrétienne, bien-aimés, ne consiste ni dans l'abondance des paroles, ni dans l'habileté à disputer, ni dans l'appétit de louange et de gloire, mais dans la sincère et volontaire humilité que le Seigneur Jésus-Christ a choisie et enseignée en guise de toute force, depuis le sein de sa mère jusqu'au supplice de la croix. Car un jour que ses disciples recherchaient entre eux, comme le raconte l'évangéliste, « qui, parmi eux, était le plus grand dans le Royaume des cieux, il appela un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme cet enfant-là, voilà qui sera le plus grand dans le Royaume des Cieux. » (*) Le Christ aime l'enfance qu'il a d'abord vécue et dans son âme et dans son corps. Le Christ aime l'enfance, maîtresse d'humilité, règle d'innocence, modèle de douceur. Le Christ aime l'enfance, vers elle il oriente la manière d'agir des aînés, vers elle il ramène les vieillards ; il attire à son propre exemple ceux qu'il élève au royaume éternel. »

(*) Mat 8, 1-6 ; Lc 9, 46-49.


 

Pour aller plus loin

Philippe Henne, OP, Léon le grand , éd. du cerf

Sous diacre Emile 

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