Présentation de l'Eglise Orthodoxe des Gaules
Le 17 décembre 2011, le sous-diacre Emile et Stéphane étaient invités dans l'émission point de repère de la RCF-Liège à présenter L'Eglise Orthodoxe des Gaules.
Plusieurs parmi les paroissiens et paroissiennes m'ont demandés de pouvoir écouter l'enregistrement.
Le voici. Bonne écoute.
Chapelle orthodoxe de Lillois ( Belgique)
Pour de plus amples informations sur l'Eglise Orthodoxe des Gaules (E.O.G.), nous vous invitons à visiter le site:
www.eglise-orthodoxe.eu/
Écouter en ligne
Qui sommes nous ?
Quels sont nos fondements ?
Quel est notre projet ?
Il n'est pas inutile de préciser ce que nous sommes d'où nous venons et où nous allons.
Tout d'abord nous ne sommes pas une création religieuse nouvelle, nous ne sommes pas une "secte". Nous sommes membres de l'Église orthodoxe, plus précisément de l'Eglise Orthodoxe des Gaules laquelle est en pleine communion avec l’Eglise Orthodoxe Celtique et l’Eglise Orthodoxe Française et en communion de foi avec toutes les Eglises orthodoxes.
Nous sommes orthodoxes, c'est-à-dire que nous professons la foi chrétienne telle qu'elle est exprimée dans les écrits des apôtres et des saints Pères, dans les symboles de foi et les canons des Conciles oecuméniques de toute l'Eglise, dans toute la tradition ascétique et liturgique de l'ancienne Église indivise. A égale distance de l'individualisme et de l'autoritarisme, l'Église orthodoxe est à la fois une Église de tradition et de liberté. Elle se veut surtout une Église d'amour. Ce n'est ni sur un pouvoir extérieur, ni sur des efforts isolés, mais seulement sur la grâce divine et la charité fraternelle qu'elle s’appuie pour maintenir unis et pour vivifier les membres du Corps mystique du Christ. Nous ne faisons pas de prosélytisme. Nous respectons et aimons tous nos frères en Christ. Loin de songer à une lutte ou à une concurrence, nous appelons de nos vœux une collaboration partout où elle sera possible pour prêcher l'Evangile de Jésus Christ à notre monde assoiffé et désemparé. Nous déplorons que l'unité de la chrétienté ait été brisée et nous prions Dieu de hâter son rétablissement pour que le monde nous reconnaisse comme ses disciples à l'amour que nous avons les uns pour les autres.
Nous nous sentons liés à l'ancienne tradition "orthodoxe" de l’Europe occidentale qui en ce temps là s'appelait les Gaules, à l’Europe des siècles où l'Orient et l'Occident n'étaient pas séparés. Saint Irénée au IIe siècle fut le premier grand trait d'union entre l'Orient et l'Occident, mais l'Occident a bénéficié aussi, du rayonnement de saint Jean Cassien, moine ayant vécu longtemps à Bethléem et dans les déserts de Thébaïde et de Scété où il avait reçu et expérimenté la Tradition des Pères du Désert, et qui érigea à Marseille deux monastères sur le modèle de ceux d'Egypte. Son exemple et ses écrits fécondèrent tout le monachisme occidental depuis le monachisme provençal des Iles de Lérins et des Pères du Jura jusqu'à la grande tradition bénédictine qui perdure jusqu'à nos jours. Saint Athanase, patriarche d'Alexandrie et défenseur de la foi au concile de Nicée, qui fut exilé par l'empereur romain à Trêves, alors l'une des grandes métropoles des Gaules, fut accueilli à bras ouvert par l'évêque du lieu et c'est à la demande des moines d'Occident qu'il rédigea la "Vie de Saint Antoine", modèle de tout le monachisme chrétien.
Les martyrs de Lyon et de Vienne, saint Denys, saint Hilaire de Poitiers, saint Martin de Tours, saint Honorat, sainte Geneviève, sainte Radegonde et tant d’autres …: tels sont aussi quelques-uns des grands noms de la terre des Gaules auxquels nous voulons nous rattacher. Mais nous nous sentons très proche aussi de Sainte Jeanne d'Arc, de Pascal, de Saint Vincent de Paul ou de Sainte Thérèse de Lisieux comme du très récent Père du Désert du Maghreb qu'était Charles de Foucault. Tout ce que le cœur et l'intelligence de l’Europe occidentale d’hier et d'aujourd'hui créent de bon et de grand, nous voulons le sentir nôtre, le consacrer au Christ, le regarder orthodoxement.
Pendant plus de dix siècles, l’Occident chrétien a été fondamentalement en communion de foi avec l’Orient chrétien malgré les incidents et les brouilles passagères qu’on connaît dans toutes les « familles ». Puis ce fut une longue séparation (8 siècles) qui devint peu à peu une grande ignorance réciproque.
L’émigration russe du début du 20e siècle rappela l’existence de l’Orthodoxie, c’est-à-dire d’un christianisme proche des origines, à l’Occident. Il rencontra aussi l’aspiration de certains occidentaux à retrouver cette Eglise du 1er millénaire, cette Eglise indivise, dans sa foi vivante et expérimentale, dans les splendeurs de sa liturgie occidentale et dans sa capacité de liberté en Dieu, débarrassée des rajouts et sédimentations que les siècles et l’esprit rationalisant avaient déposés pendant le dernier millénaire.
Cette rencontre produisit la résurgence de l’Orthodoxie occidentale. Nous ne sommes pas les premiers occidentaux à tenter de vivre l'orthodoxie à l’époque contemporaine, dès 1929 une première paroisse se constitua au sein de l'Eglise orthodoxe russe avec ce même projet et avec à sa tête un prêtre français, le Père Lev Gillet, dont les livres sont signés "un moine de l'Eglise d'Orient".
Un peu plus tard, en 1936, le flambeau fut repris avec l'aide du Père Lev par Mgr Irénée Winnaert et sa paroisse, toujours dans le cadre de l'Eglise orthodoxe russe, puis par le Père Eugraph Kovalevsky qui donna corps au projet et à l'expérience d'une orthodoxie occidentale en restaurant l'antique liturgie occidentale de la Gaule orthodoxe à partir des lettres de saint Germain de Paris et en créant de nombreuses paroisses, unifiées en un diocèse dont il fut l'évêque sous le nom de Jean de Saint-Denis de 1964 à 1970. A sa mort, c'est au sein de l'Eglise orthodoxe roumaine que ses communautés trouvèrent accueil dans leur spécificité d'orthodoxes occidentaux (c'est-à-dire avec leur antique liturgie des Gaules) sous la conduite de Mgr Germain de Saint-Denis, sacré en 1972 par l'Eglise orthodoxe roumaine. Les grandes difficultés de compréhension que manifesta le monde byzantin et slave de la diaspora devant l'expérience de l'orthodoxie occidentale, ainsi que des difficultés internes, entraînèrent de fortes pressions ecclésiales sur l'Eglise roumaine et provoquèrent un phénomène d’éclatement. Certains partirent dans les diocèses roumain, puis serbe, ou copte… dans l’espoir d’y continuer l’œuvre de l’Orthodoxie occidentale.
Mais les descendants d’immigrés de Russie, de Grèce ou des Balkans et leur clergé ont eu et ont toujours bien des difficultés pour comprendre qu’on puisse confesser la foi orthodoxe et être occidental. Ils confondent souvent la foi et la culture et veulent imposer l’une avec l’autre.
La hiérarchie catholique romaine, de son côté, ne voit pas toujours d’un bon œil ces communautés chrétiennes à la fois très anciennes et pourtant toute nouvelles : leur seule présence semble contester les discours « religieusement corrects ». Depuis 70 ans des hommes et des femmes ont essayé de restaurer, malgré de multiples difficultés, cette Eglise de nos Pères dans notre Europe déchristianisée et sécularisée : une Eglise qui professe la foi et l’enthousiasme des origines, qui célèbre l’ancienne liturgie des Gaules, celle que le génie de notre culture multiple (grecque, latine, gauloise, mérovingienne…) enfanta avant que ne soit imposée l’uniformisation ecclésiale par le pape de Rome. Mais finalement au bout de quelques années, à chaque tentative, les Eglises orthodoxes orientales ont essayé d’annihiler le projet de restauration de l’orthodoxie occidentale. Les orthodoxes occidentaux ont ainsi pris conscience avec le temps et les épreuves qu’ils ne pouvaient attendre d’aides de personnes sinon de Dieu et d’eux-mêmes.
Aussi, devant ce constat, nous avons décidé de nous rassembler au sein de l’Eglise Orthodoxe des Gaules, ne dépendant plus hiérarchiquement des Eglises orthodoxes orientales, tout en les reconnaissant comme des Eglises-sœurs dans la foi et en gardant la main tendue vers elles. Nous ne sommes pas seuls pour autant puisque nous avons constitué avec l’Eglise Orthodoxe Celte et l’Eglise Orthodoxe Française une communion des Eglises orthodoxes occidentales,
Partageant la même foi mais délaissant le caractère souvent autoritaire et conservateur des structures d’Eglises telles que nous les connaissons, nous voulons établir entre nous des rapports d’amour et de respect, de collaboration et de solidarité. Dans ce cadre nouveau, nous nous sommes réunis dans l’Est de la France, à Gorze en Moselle, le 17 décembre 2006, autour de quatre évêques orthodoxes occidentaux pour sacrer le Père Michel Mendez, jusqu’alors abbé du monastère orthodoxe St Michel de Bois-Aubry en Touraine, évêque de l’Eglise orthodoxe des Gaules sous le nom de Grégoire.
Cette Eglise Orthodoxe des Gaules si ancienne par son histoire et si jeune dans sa résurgence est composée pour l’instant de petites communautés paroissiales en France et en Belgique et propose aux occidentaux qui le souhaitent de vivre la foi chrétienne dans la fidélité aux sources du Christianisme, celles des Apôtres, des Pères du désert, de la mystique orthodoxe, sans oublier que nous vivons au 21e siècle.
Réunissant foi orthodoxe et culture occidentale, Tradition et modernité, cette Eglise locale propose des voies nouvelles pour vivre le message toujours actuel du Christ dans ce monde en quête d’amour et de profondeur, d’unité et de diversité, partageant la vision originelle du christianisme sur le monde et sur l’homme pour répondre aux grands défis de notre civilisation post-moderne.
Certes, nous ne sommes actuellement qu'une petite minorité. Du moins faut-il que cette minorité soit une vraie force spirituelle et cela dépend de chacun. "Le grain de sénevé est la plus petite de toutes les semences" dit l'Évangile (Matthieu 13-32). Mais l'Évangile ajoute que le grain de sénevé peut devenir un arbre où viennent nicher les oiseaux du ciel. Dieu voudra-t-il donner la croissance à notre grain de sénevé ? Nous l'ignorons. Ce que nous savons, c'est que nous devons travailler à nous rendre moins indignes d'une telle croissance. Sans nous opposer à d'autres, sans nous mettre en avant, nous devons chercher dans l'humilité et la charité le Royaume de Dieu. Nous devons tendre à ce que, aux yeux de ceux qui découvrent en nous l'orthodoxie, ce mot devienne synonyme de deux grandes choses : croire en Jésus-Christ, vivre en Jésus-Christ.
Ce rapide rappel des fondements de nos communautés et de l'histoire de l'Eglise permettra, nous l'espérons, de mieux comprendre pourquoi et comment nous sommes à la fois orthodoxes et occidentaux