Saint Athanase d'Alexandrie, Père de l'Eglise

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Saint Athanase (295-373)

"Le mystère de Dieu n’est pas livré à notre esprit par des discours démonstratifs, mais dans la foi et dans la prière pleine de respect. "(lettre à Sérapion )

Athanase né à Alexandrie en 295, élevé dans un milieu chrétien, il est copte, il s’exprime en grec. Il est proche du peuple et, aux heures difficiles, le peuple lui demeurera fidèle. Athanase et adolescent quand  l’empereur Dioclétien décide de  persécuter les chrétiens  d’Egypte. Quelques-uns de ses maîtres meurent dans la persécution. Athanase étudie les sciences profanes et acquiert une culture générale élémentaire ; il a reçu une formation chrétienne dans l’école théologique d'Alexandrie, dite aussi la Didascalée, fut une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme. Sa méthode théologique était symbolico-allégorique. L'influence de Platon et du néoplatonisme y est manifeste. Elle s'opposa à l'École théologique d'Antioche qui prônait une méthode historico-littérale.

L’Eglise orthodoxe l’appelle phare de l’Orient, colonne de la foi. Proclamé docteur de l’Eglise (Eglise catholique) par le pape Pie V en 1568.

Lutte contre l’hérésie arienne

Son évêque Alexandre remarque les capacités humaines et les qualités  de ce jeune chrétien. Il l’ordonne lecteur en 313, puis en 319 diacre et le prend le comme secrétaire. A ce titre, Athanase se rend au concile de Nicée où ses débats avec les ariens attirent l’attention sur lui. Nommé évêque d’Alexandrie, Athanase n’a eu de cesse de défendre la divinité de Jésus-Christ face aux ariens[1], semi-ariens et anti-nicéens de tous genres, ce qui lui a valu de nombreuses années d’exil — dix-sept, pour être précis — de Trèves à Rome en passant par les cavernes d’Égypte. Son épiscopat ne fut pas de tout repos, les ariens accueillent sa nomination avec haine et lancent contre lui toutes sortes de mensonge …Athanase refuse de réadmettre Arius qui avait été excommunié et condamné malgré les ordres de l’empereur  à la communion. Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l'authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n'était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être "intermédiaire" entre Dieu et l'homme, ce qui rendait ainsi le vrai Dieu toujours inaccessible pour nous. Les Evêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le "Symbole de la foi" qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental - qui exprime la foi de l'Eglise indivise, et que nous répétons aujourd'hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique - figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantiels: celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est "de la même substance" que le Père, il est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par le ariens.

L’intransigeance d’Athanase, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s'étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l'hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l'issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau - dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et elles furent soutenues pour des raisons politiques par l'empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l'unité de l'empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible - à son avis - à tous ses sujets dans l'empire.

La crise arienne, que l'on croyait résolue à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l'Eglise. Et à cinq reprises au moins - pendant une période de trente ans, entre 336 et 366 - Athanase fut obligé d'abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d'Alexandrie, l'Evêque eut l'occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d'abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l'Evêque d'Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique. Il était contemporain de saint Antoine le père du monachisme.

Rétablir la primauté de l’évêché d’Alexandrie sur l’Egypte

Athanase va mener une politique pastorale avec force voulant une Eglise unie et forte et résistera à l’empereur ce qui lui a valu cinq exils .

L’Eglise d’orient est divisée en raison de divergences théologiques (arianisme) mais aussi pour des raisons de primauté et de schismes notamment en Egypte sous la conduite de l’évêque Meletios de Lycoplolis avec une faction de l’Eglise  une source rapporte que les partisans de Meletios refusaient de réadmettre l’accès aux sacrements aux chrétiens ayant apostasié lors des persecutions de Dioclétien ,une autre source  rapporte que les Mélitiens revendiquaient l'autonomie des Églises de Moyenne-Égypte et de Haute-Égypte par rapport à Alexandrie. Ils se sont plaints en particulier d'avoir été persécutés par Athanase d’Alexandrie. Ce schisme perdurera un siècle ou deux  … Pour asseoir sa primauté Athanase visitera les monastères d’Egypte et ordonnera Pakhome (fondateur du monachisme cénobitique) et les ascètes du Delta dont fait partie saint Antoine. c’est dans ces monastères qu’il trouvera refuge lors d’un exil.. ;Il ne rencontrera saint Antoine qu’une seule fois l’ayant convoqué pour qu’il reconnaisse la primauté de l’évêché d’Alexandrie sur l’Egypte .

Son œuvre théologique

 

Nous avons de lui des œuvres polémiques ‘l’apologie contre les ariens’, des traités théologiques où il défend la foi trinitaire et l’incarnation du verbe …

Le Verbe de Dieu « s'est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s'est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l'incorruptibilité ». Athanase d'Alexandrie, Sur l'incarnation du Verbe (54,3).

 

« Maintenant que le Verbe s'est fait homme et qu'il a fait siennes nos misères, celles-ci sont détruites par lui. Les hommes ne sont pas morts sous leurs péchés ; mais ressuscités selon la force du Verbe, ils demeurent à jamais incorruptibles et immortels.
Quand son humanité naît de Marie, mère de Dieu, on dit que c'est lui qui naît. En réalité, cependant, c'est notre naissance qu'il prend en lui, et nous, nous ne sommes plus simplement de la terre qui doit retourner à la terre ; mais nous sommes réunis au Verbe du ciel qui veut nous mener au ciel.
De même, n'est-ce pas sans raison qu'il a pris en lui les autres faiblesses du corps ; c'est pour que nous ne soyons plus seulement des hommes, mais pour que, appartenant désormais au Verbe, nous participions à la vie éternelle.
C'en est donc fait de la mort que nous vaut notre première naissance en Adam : cette naissance et toutes les autres misères de la chair, ont été transportées dans le Verbe, nous, relevés de la terre, nous voyons la malédiction du péché enlevée par celui qui, en nous et pour nous, est devenu malédiction.
Et c'est juste. De même que, faits de terre, nous mourons en Adam ; de même, régénérés par l'eau et l'esprit, nous sommes tous vivifiés dans le Christ. Dorénavant, la chair n'est plus chose terrestre, elle est faite Verbe, à cause du Verbe de Dieu, qui pour nous, est devenu chair.
Les hommes voient leurs faiblesses transférées et détruites en celui qui n'y est pas sujet ; ils deviennent donc forts et libres pour toujours.
De même, en effet, que le Verbe, ayant pris un corps, est devenu homme, ainsi nous, les hommes, pris par la chair du Verbe, nous sommes divinisés par lui et faits héritiers de la vie éternelle. »

Saint Athanase3e Discours contre les Ariens, 33-34, dans E. Mersch, "Le corps mystique du Christ" Tome I, Desclée de Brouwer, 1936.

La divinité de l'Esprit
L’évêque Serapion de Thmuis une ville d’Egypte demande à l’évêque Athanase un eclaircissement sur la divinité de l’Esprit Saint

La divinité du Saint-Esprit est niée par certains chrétiens (pneumatomaques) qui, pour le reste, se prétendaient adversaires des hérétiques ariens et parfaitement orthodoxes.

« Athanase est le premier qui ait affirmé la pleine divinité de l'Esprit » (dans ses Lettres à Sérapion, datées de 360).

La divinité du Saint Esprit se révèle dans sa relation au Christ

« Le Consolateur ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, parce qu'il recevra de moi et vous l'annoncera » (1) ;

et ayant soufflé sur ses disciples (2), il leur donna de lui-même l'Esprit, et c'est ainsi que le Père le répandit, comme il est écrit, sur toute chair :
voilà pourquoi c'est avec raison que j'ai commencé par parler au sujet du 
Fils de Dieu, afin que de la connaissance touchant au Fils, nous puissions tirer heureusement la connaissance touchant l'Esprit. [...]
Comme le Père disait, en montrant le Fils : « celui-ci est mon fils 
bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances », ainsi l'Esprit est celui du Fils, car l'Apôtre dit :

« Il a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils lequel crie Abba, Père » (3).

Et, ce qui est merveilleux,- de même que le Fils dit « ce qui est à moi est au Père » , ainsi l'Esprit Saint, qui est dit appartenir au Fils, appartient au Père, car c'est le Fils lui-même qui dit :

« Lorsque sera venu le Consolateur, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi » (4).


Et Paul de son côté écrit :

« Nul ne sait ce qui se passe dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui. De même, nul ne connaît ce qui est en Dieu, sinon l'Esprit de Dieu. Or, nous n'avons pas reçu, nous, l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions ce dont nous avons été gratifié par Dieu. » (5).

[...]
Ainsi donc, si le Fils, à cause de sa condition propre à l'égard du Père et parce qu'il est propre rejeton de sa substance, n'est pas une créature, mais est consubstantiel au Père, de même l'
Esprit Saint non plus ne peut pas être une créature, - impie est même quiconque le dit, - à cause de sa condition propre à l'égard du Fils et parce que c'est du Fils qu'il est donné à tous et que ce qu'il a, appartient au Fils.


(1) Jn 16, 13-14

(2) Jn 20, 22

(3) Ga 4, 6

(4) Jn 16, 15

(5) Jn 15, 25

Saint ATHANASE D'ALEXANDRIE, Lettres à Sérapion, II, 1. Traduction dans Sources Chrétiennes n° 15, p. 163-165

Son œuvre spirituelle : la vie de saint Antoine

Nous connaissons par lui la vie de saint Antoine, cette œuvre a exercé une grande influence en occident et en orient. Dans cette vie sur saint Antoine, Athanase y condense sous forme de récit toute la spiritualité monastique et en même temps  cette vie sert à légitimer la primauté du siège d’Alexandrie sur l’Egypte.

 

[1] Nous avons déjà évoqué l’arianisme avec saint Hilaire de Poitiers

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