Saint Césaire d'Arles
Notre évêque désirait que nous évoquions Césaire d'Arles qui est digne d'être reconnu comme père de l'Eglise .De fait Il a encore une parole à nous dire aujourd'hui par ailleurs l'Eglise catholique de France souhaite qu'il soit reconnu comme docteur de l'Eglise.
Césaire d’Arles
Un père des Gaules
470 à 542
Évêque d’Arles pendant 40 ans
« Prenez soin de vos âmes, nourrissez-vous de la Parole de Dieu ».
Né en 470, ce Bourguignon devient moine à 20 ans, à Lérins, avant d’être nommé évêque d’Arles, alors surnommée la « Petite Rome », en 503. Aux carrefours de l’histoire, entre invasions burgondes et franques, et occupations des wisigoths et ostrogoths, Césaire veut fortifier dans la foi la jeune Eglise chrétienne en pays d’Arles. Au milieu de ces changements, de ces perturbations, la fin de l’empire Romain, Césaire d’Arles propose une expérience spirituelle : s’enraciner en Dieu, dans l’Ecriture pour devenir témoin de la bonne nouvelle.
Moine de Lérins, il tomba malade en raison de ses austérités. Son abbé l'envoya se faire soigner à Arles et c'est là qu'il se lia d'amitié avec l'évêque auquel il succéda en 503. Il connut trois invasions de barbares : les Wisigoths qui furent chassés en 507 par les Ostrogoths, à leur tour chassés en 536 par les Francs, qui, eux, ne partirent jamais. Face à eux, encore païens, il se fit l'avocat de la population gallo-romaine. Il présida d'importants conciles provinciaux et fonda le premier monastère de femmes en pays gaulois, rédigeant des Règles qui sont une synthèse des traditions égyptiennes et augustiniennes. Il fut un très grand évêque, un de ceux qui, au début d'une époque de barbarie, donnèrent à l'Église des Gaules une doctrine, une prédication, une discipline et une culture. Nous avons encore de lui deux cent cinquante sermons.
Césaire d’Arles est connu pour avoir été le premier évêque en Occident à recevoir du pape Symmaque le pallium, écharpe de laine, symbole de la mission des évêques et de leur lien à Rome. Le pape a aussi fait de lui le « vicaire du Siège apostolique » pour la Gaule et l’Espagne.
Nous avons de lui un recueil de 238 sermons, des traités dogmatiques et deux règles monastiques pour les moines et moniales.
1 l’importance d’une vie spirituelle et de prière
Lorsqu’il devint évêque d’Arles, une de ces décisions fut de fonder deux monastères : un monastère pour des moines et un autre pour des moniales. Ce qui montre qu’aucun ministère, aucune évangélisation ne peut se faire sans une vie spirituelle centrée sur la prière et l’approfondissement des Ecritures. L’humain reçoit de Dieu sa mesure sa bonté, sa dignité son prix. Un prix infini puisqu’il et infiniment aimé de Dieu. L'humanité a ses racines en Dieu elle est invitée à puiser en LUI sa force d'aimer.
2 L’importance d’une prédication qui touche le cœur des gens
Il s’agit d’instruire dans la foi (transmettre) les gens simples des campagnes et de toucher le cœur des gens.
Il est d’ailleurs du devoir de l’évêque de tenir compte des obligations de chacun et surtout des pauvres qui n’ont que leur travail pour vivre. Pour toutes ces raisons, il faut que le sermon soit bref ; il faut aussi qu’il soit simple, compréhensible pour tous. Or, il est deux sortes de prélats: ceux qui, emportés par la musique de leurs paroles, prêchent trop longtemps sans se préoccuper de leur public et ceux qui ne prêchent pas du tout, s’excusant sur leur incapacité, manque de mémoire ou d’éloquence.
« Aussi, messeigneurs les évêques doivent-ils prêcher aux fidèles dans un langage plus simple et sans apprêt que tout le monde puisse saisir, accomplissant ce que dit l’Apôtre : je me suis fait tout à tous, pour les gagner tous.» (S. 1,20, p.273).
3 Saint Césaire met le pauvre au cœur de la communauté chrétienne
Au temps de Césaire, la ville d’Arles connait souvent la guerre et la misère. Saint Césaire fonde des hôpitaux et des œuvres pour les pauvres…Il rachète les prisonniers ce qu’il appelle le vrai temple.
HOMÉLIE DE SAINT CÉSAIRE D'ARLES SUR LA MISÉRICORDE
« Donnez, et l'on vous donnera »
« Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde. Le mot de miséricorde est doux, mes frères. Si le mot est doux, combien plus la chose ? Et alors que tous les hommes veulent l'obtenir, ce qui est malheureux, c'est que tous ne font pas ce qu'il faut pour mériter de la recevoir. Tous veulent recevoir la miséricorde, mais il y en a peu qui veulent la donner.
Et toi, de quel front oses-tu demander ce que tu négliges de donner ? Il doit commencer par faire miséricorde en ce monde, celui qui souhaite la recevoir dans le ciel. Aussi, frères très chers, puisque nous voulons tous la miséricorde, prenons-la comme protectrice en ce monde, pour qu'elle nous délivre dans le monde à venir. Il y a en effet une miséricorde dans le ciel, à laquelle on parvient par les miséricordes terrestres. L'Écriture le dit bien : Seigneur, ta miséricorde est dans le ciel.
Il y a donc une miséricorde sur la terre et une autre dans le ciel, c'est-à-dire l'une, humaine et l'autre, divine. Comment définir la miséricorde humaine ? C'est que tu prennes garde aux misères des pauvres. Comment définir la miséricorde divine ? Sans aucun doute, c'est qu'elle accorde le pardon des péchés. Tout ce que la miséricorde humaine dépense dans le voyage, la miséricorde divine le rend dans la patrie. Car c'est Dieu qui, en ce monde, souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il l'a dit lui-même : Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait. Dieu qui, du haut du ciel, veut donner, sur la terre veut recevoir.
Quelle sorte de gens sommes-nous donc, nous qui voulons recevoir lorsque Dieu donne ; et lorsqu'il demande, nous ne voulons pas donner ? Quand le pauvre a faim, c'est le Christ qui est dans l'indigence, comme il le dit lui-même : J'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger. Ne méprise donc pas la misère des pauvres, si tu veux espérer avec confiance le pardon de tes péchés. Le Christ a faim maintenant, mes frères, lui-même a voulu avoir faim et soif dans la personne de tous les pauvres ; et ce qu'il reçoit sur la terre, il le rend dans le ciel.
Je vous le demande, mes frères, que voulez-vous, que cherchez-vous quand vous venez à l'église ? Quoi donc, sinon la miséricorde ? Donnez celle de la terre, et vous recevrez celle du ciel. Le pauvre te demande, et tu demandes à Dieu : il demande une bouchée de pain, et toi, la vie éternelle. Donne au mendiant pour mériter que le Christ te donne ; écoute-le qui dit : Donnez, et il vous sera donné. Je ne sais de quel front tu veux recevoir ce que tu ne veux pas donner. Et c'est pourquoi, lorsque vous venez à l'église, faites l'aumône aux pauvres, selon vos ressources. »
4 Saint Césaire exhorte les fidèles à méditer la parole
« La lumière de l’âme et sa nourriture ne sont rien d’autres que la parole de Dieu, sans laquelle l’âme ne peut ni voir ni vivre ; en effet comme notre chair ne peut ni voir ni vivre si elle ne prend pas de nourriture ,ainsi notre âme également s’éteint si elle ne reçoit pas la parole de Dieu. »
Il invite à méditer la parole non seulement à l’église mais aussi à la maison :
Puissiez vous toujours accueillir la lecture des textes sacrés d’un cœur avide et assoiffé ; soustrayez quelques heures aux occupations du monde pour relire dans vos maisons les paroles divines …ne vous contentez pas d’entendre lire les textes sacrés à l’Eglise mais dans vos maisons ordonnez vous à lire les textes sacrés…
Sermon sur le Carême
"Profitons donc bien de ces quarante jours, et faisons nous un devoir d'amasser comme une provision, par nos jeûnes, nos prières et nos lectures, pour nourrir notre âme tout le reste de l'année.
Durant ces quarante jours, nous devons nous considérer comme rescapés de la mer et des tempêtes de ce monde, et comme arrivés à l'abri dans le port de la sainte quarantaine : le repos, le calme et le Silence qui y règnent, semblent nous inviter à mettre cette divine Parole en réserve dans notre coeur, afin que, tout occupés, par la Miséricorde de Dieu, du désir et de l'amour de la Vie éternelle, nous mettions tous nos soins, en ce temps précieux, pour réparer et remettre en bon état ce que les différentes tempêtes essuyées pendant l'année auraient brisé, désuni, gâté et perdu dans la barque de notre âme. »
Saint Césaire nous apprend une sagesse et un art de vivre inspiré de l’évangile en mettant la parole de Dieu au centre à se laisser transformer par cette parole pour vivre de la charité du Christ et nous configuré au Christ
St Césaire d'Arles
Sermon XXVI, 5
« Le Christ, c'est-à-dire la miséricorde céleste, vient chaque jour à la porte de ta maison : non seulement spirituellement à la porte de ton âme, mais aussi matériellement à la porte de ta maison. Car chaque fois qu'un pauvre s'approche de ta maison, c'est sans aucun doute le Christ qui vient, lui qui a dit : "Chaque fois que vous l'avez fait à un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait". N'endurcis donc pas ton cœur ; donne un peu d'argent au Christ, dont tu désires recevoir le Royaume ; donne un morceau de pain à celui dont tu espères recevoir la vie ; accueille-le dans ton logement, afin qu'il te reçoive dans son paradis ; donne-lui l'aumône pour qu'il te donne en retour la vie éternelle.
(...) Si tu le reçois pendant ce voyage terrestre, il t'accueillera dans son bonheur céleste ; si tu le méprises ici dans ta patrie, il détournera son regard de toi dans sa gloire... ; si dans notre cité, c'est-à-dire dans cette vie, nous méprisons ceux qui sont faits à l'image de Dieu (Gn 1,26), nous devons craindre d'être rejetés dans sa cité éternelle. Faites donc miséricorde ici-bas ; ...grâce à votre générosité vous vous entendrez dire cette heureuse parole : "Venez, bénis, recevez en héritage le Royaume". »
Saint Césaire d’Arles (470-542) pourrait être proclamé « docteur de l’Église » : les évêques catholiques de France ont voté favorablement pour cette décision le 4 novembre dernier, au cours d’une assemblée plénière à Lourdes, indique un communiqué du diocèse d’Aix-en-Provence et Arles publié le 9 novembre 2018.