Pourquoi les mesures de confinement sont importantes ?

Publié le par Paroisse Lillois

Une fois n'est pas coutume je donnerai aujourd'hui un regard sur l'épidémie du Coronavirus et je vous expliquerai le pourquoi des décisions de nos gouvernements pour arrêter la pandémie.

Comment en tant que chrétien pouvons-nous aussi apporter notre pierre à l'édifice?

 

 

Dans une épidémie comme le coronavirus, il y a quatre facteurs importants à surveiller et sur lesquels nous pouvons plus ou moins agir.

  1. La durée de la maladie pour une personne infectée (D)
  2. Le nombre moyen de contacts que chaque personne a chaque jour avec d’autres personnes. (N)
  3. La probabilité qu’un contact entre une personne saine et une personne infectée ne conduise à une transmission du virus. (P)
  4. La mortalité du virus. (M)

Les personnes infectées vont infecter des personnes saines.

Une partie des personnes infectées vont guérir et malheureusement une partie des personnes infectées (le taux de mortalité) vont décéder.

On peut estimer le nombre total de personnes saines qu’une personne malade va contaminer. Ce sera le produit des 3 facteurs D, N, M.

C’est ce qu’on appelle  le taux de reproduction ou de transmission. (R0)

 

                        R0 = D * N * P

 

Ce taux va avoir une influence considérable sur l’évolution de l’épidémie.

° S’il est supérieur à 1, (pour l’exemple disons 2), chaque malade contaminera 2 autres personnes qui elles-mêmes contamineront 2 autres et ainsi de suite pendant la durée ou elle est porteuse du virus. Cela va conduire à une croissance exponentielle de l’épidémie. La propagation va être rapide et le nombre de morts va être important au prorata du taux de mortalité.

° Si le taux de croissance est 1,  chaque malade passera la maladie à une autre personne et ainsi de suite. La maladie va se poursuivre plus longtemps.

° Si le taux de croissance descend en dessous de 1, (disons par exemple 0,66), chaque malade contaminera 0,66 personnes qui elle-même n’en contamineront que 0.66 et ainsi de suite. Ainsi le nombre de malades et de décès va rapidement diminuer.

Bien sûr la détermination avec précision des paramètres D, N et M est difficile. On ne peut raisonner que par moyenne.

Mais l’important c’est de voir l’énorme influence de notre comportement sur l’évolution de la maladie et ses dégâts par rapport à ce taux de progression.

Le Diacre Marc de Béthanie m’a transmis un article avec un petit modèle mathématique avec des données applicables à la France.

J’ai appliqué ce modèle au cas de la Belgique.

Vous trouverez le modèle en attaché et vous pourrez modifier vous-mêmes les paramètres.

Attention l’important n’est pas de voir les chiffres dans leur valeur absolue mais de voir l’importance relative des paramètres.

 

J’ai donc examiné 3 cas

  1. Probablement représentatif d’une vie ‘normale’ sans confinement, écoles, transport, et commerce comme d’habitude avec des consignes d’hygiènes.

Durée de maladie D = 10 jours.

Nombre de contacts N = 40

Probabilité de transmission P = 0.5%  C-à-dire 5 chances sur mille de transmettre le virus)

Taux de transmission R0 = 10 * 40* 0.5% = 2

Les résultats donnent

  1. Un pic de l’épidémie dans 3 mois et 1.600.000 personnes malades à ce moment.
  2. Après 6 mois, presque 90% des belges auraient été infectés.
  3. Après 6 mois, 250.000 personnes seraient décédées.

Rappel : ne vous braquez pas sur les valeurs absolues, mais regardez l’influence des paramètres sur l’évolution relative.

 

  1. Représentatif d’une vie ‘Limitée’ écoles fermées, Travail et commerce limités avec les consignes d’hygiène.

Durée de maladie D = 10 jours.

Nombre de contacts N = 30

Probabilité de transmission P = 0.4% (C-à-dire 4 chances sur mille de transmettre le virus)

Taux de transmission R0 = 10 * 30* 0.4% = 1.2

Les résultats donnent

  1. Le pic de l’épidémie après 6 mois n’est toujours pas atteint et nous sommes à  ce moment à 25.000 personnes porteuses du virus.
  2. Après 6 mois, presque 175.000 belges auraient été infectés.
  3. Après 6 mois, 4.200 personnes seraient décédées.

Mais l’évolution de l’épidémie est lente. Ce n’est qu’après 1 an que le nombre de nouveaux cas approche de 0.

  1. Probablement, représentatif d’une vie ‘confinée’ avec les consignes d’hygiène.

Durée de maladie D = 10 jours.

           Nombre de contacts N = 20

           Probabilité de transmission P = 0.3% (C-à-dire 3 chances sur mille de transmettre le virus)

          Taux de transmission R0 = 10 * 30* 0.4% = 0.6

Les résultats donnent

  1. le pic de l’épidémie est derrière nous, et nous sommes à  ce moment

          à 1.200 personnes porteuses du virus.

                 2. Après 6 mois, presque 3.000 de belges auraient été infectés.

                 3. Après 6 mois, 100 personnes seraient décédées.

 

Nous voyons donc l’extrême sensibilité du taux de transmission. Ceci explique pourquoi les autorités prennent des mesures qui semblent très contraignantes car cela permettra :

            De réduire la propagation drastiquement.

            De limiter le nombre de morts.

            De pouvoir reprendre le plus vite possible une vie ‘Normale’

 

Nous voyons aussi que l’hypothèse prise par les Pays-Bas de 'laisser aller' la maladie pour atteindre une immunisation collective, est très risquée au niveau du nombre de décès possibles.

 

Vous pouvez vous-même tester les hypothèses en changeant les paramètres D, N, P dans la feuille de calcul en annexe.

 

Le quatrième paramètre dont je n’ai pas encore parlé est le taux de mortalité.

Celui-ci est dépendant de paramètres exogènes comme les vaccins, les remèdes médicamenteux ou les soins hospitaliers et de paramètres endogènes comme la fragilité immunitaire de la personne.

Cette fragilité dépend de l’état de santé de la personne et de ses faiblesses  (hypertension, maladies respiratoires,…) Le stress et l’angoisse sont des facteurs qui vont augmenter la fragilité immunitaire. Il est donc important de veiller à en réduire le niveau.

 

En tant que Chrétiens, nous avons 3 outils à notre disposition pour réduire ces niveaux d’angoisse ; Le jeûne, la prière et la méditation. 

 

  1. Le Jeûne

Physiologiquement d’abord il libère l’énergie que notre corps doit dépenser pour la digestion et l’utiliser à détoxifier notre organisme et le protéger contre les agressions extérieures.

Mais spirituellement le jeûne est aussi un chemin qui nous ouvre vers la Vie. Quand on jeûne tous nos sens sont réactivés. Comme Le Christ nous le disait dans l’Evangile du 1er dimanche de carême : «L’Homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» La faim qui nous habite habituellement fait que l’on prend la nourriture comme une fin en soi, par habitude, pour combler notre angoisse de la mort. Centré sur nous-mêmes nous entrons dans des rapports de captation sur ce et sur ceux qui nous entourent. Nous sommes prisonniers de ce besoin physique. Le jeûne nous libère de cette aliénation, de cet esclavage. Le jeûne nous donne la possibilité de créer un lien nouveau, de renforcer la confiance d’être aimé inconditionnellement par plus grand que soi. De faire l’expérience que la Vie n’est pas dans la nourriture physique.

La nourriture, comme l’air que nous respirons sont des éléments de la Vie. Mais les relations sociales, l’amour que nous partageons, la prière, le désir de Dieu,… sont aussi des éléments indispensables à la Vie. Le tout est de donner à chaque élément sa juste place. Dans l’économie divine, nous recevons toujours ce qui est juste pour nous si nous sommes dans l’écoute. Le Jeûne nous invite à quitter nos habitudes de consommation pour entrer dans une démarche de communion intime avec Dieu, d’ouverture du cœur.  Le jeûne fait de la place pour Dieu et l’incite à se manifester.

Dans ce temps perturbé que nous vivons aujourd’hui, le jeûne nous ouvre à une conscience de la terre, à prendre conscience que nous sommes les jardiniers de la création.

 

  1. La prière

Saint Silouane l’Athonite disait: «Le monde tient par la prière ; si la prière cessait, le monde périrait.» Prier, c’est se mettre en relation avec Dieu, être à son écoute. La prière du cœur ‘Seigneur Jésus-Christ fils de Dieu, aie pitié de moi Pécheur’ est la quintessence de la prière personnelle. Elle résume le sens de notre relation à Dieu. Par elle nous reconnaissons que Jésus est le Fils de Dieu et qu’Il est Christ c’est-à-dire oint de l’Esprit-Saint. C’est à ce Dieu UN et Trinitaire que nous nous adressons. Nous le faisons dans l’humilité en reconnaissant notre état de pécheur et dans la confiance que nous sommes aimés par un Dieu miséricordieux. C’est une prière qui est appelée à prendre racine dans notre cœur et à devenir perpétuelle.

Dans son Evangile, Saint Matthieu (Mt6, 6-7) écrit la description de la juste prière donnée par le Christ : «Toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens, ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils seront mieux écoutés

Prier est donc avant tout une expérience personnelle qui prend sa source dans notre cœur, là ou demeure le germe divin déposé en nous. La prière peut aussi être partagée avec d’autres et pour les autres. Lorsque nous prions ensemble nous exprimons l’amour de Dieu et l’invoquons pour les personnes pour qui nous prions. Nous entourons ces personnes d’un faisceau d’amour, d’une chaleur, d’une présence invisible et pourtant palpable. 

Nous pouvons nous aider par l’exemple des prières rédigées par les saints,  ou encore par des extraits de la bible comme les psaumes. L’important n’est pas la quantité mais la qualité de la prière c’est-à-dire une prière habitée par la conscience que c’est un entretien avec Dieu.

 

  1. La méditation

Méditer nous fait sortir du tourbillon de la vie. la méditation nous aide à prendre conscience de notre corps, de l’instant présent et à sortir de notre état d’inconscience chronique. La méditation apaise les tourments de notre âme. En prenant conscience de notre respiration, nous calmons notre mental et nous nous centrons de plus en plus profondément sur notre intériorité. Nous cessons d’être ballottés comme une barque prise dans la tempête et nous allons en eaux profondes, là où règne le calme, le silence.

‘Méditer n'est pas apprendre à faire, c'est apprendre à être... Le but essentiel de la méditation chrétienne est de permettre à la présence mystérieuse de Dieu en nous de devenir non seulement une réalité, mais la réalité qui donne sens, forme et direction à tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes. (John Main)’

 

Dans cette période de turbulence, soyons solidaires entre nous.

Développons le sens de l’entraide malgré le confinement, et prions pour le monde, pour ceux qui souffrent et ceux qui hélas succomberont à cette épidémie.

Que Dieu vous bénisse et vous garde et prenez soin de vous.

                                                                                  Père Bernard

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