Méditation de Jean-Yves Leloup Russie Ukraine
méditation de Jean Yves Leloup
Graine de conscience : « Ukraine – Russie »
Il ne suffit pas de belles paroles ou liturgies ; une spiritualité et une conscience non incarnées peuvent nous « sauver » ou nous « délivrer » du monde, mais elles ne sauvent pas le monde ni ne le rendent libre.
Quel peut être le point de vue d’une Intercontinentale des consciences à propos de ce conflit ?
D’abord rappeler que la Russie, l’Ukraine et tous les pays européens appartiennent au même continent, à la même terre.
Si les humains se montrent capables de conscience, les différences entre pays ne sont pas des séparations mais des occasions d’alliances et de relations.
L’unité différenciée, c’est-à-dire l’unité relationnelle qui est notre unité naturelle et inconsciente, nous sommes appelés à la réaliser par la conscience si ce n’est pas par l’amour qui est intelligence de l’Un.
« Ni confusion, ni séparation »
Dans un corps humain, on ne peut ni séparer ni mélanger le foie, le pancréas et l’estomac, ce serait le détruire, à plus forte raison on ne peut ni séparer ni mélanger le sang, les nerfs, le cœur et le cerveau, ce serait tuer la vie qui est inter-indépendance.
La Russie et l’Ukraine sont deux pays orthodoxes qui naturellement célèbrent, dans de splendides liturgies, l’Un – trinité, le Réel comme union dans la différence ; différence qui ne sépare pas, union qui ne mélange pas.
Des consciences conscientes de cette unité-différenciée comment pourraient-elles se faire la guerre, réduire l’autre à soi-même ou définitivement se séparer, sans se détruire les unes les autres ?
Caïn et Abel, ces deux frères, faits pour s’entendre, l’un agriculteur, l’autre pasteur prenaient soin, ensemble, de leur terre commune et de ses habitants. Que leurs est-il arrivé ?
La peur de ne pas être respecté ou aimé, la jalousie et la volonté d’avoir et de posséder ce que l’autre a ou ce que l’autre est, a conduit Caïn au meurtre, à la liquidation de son frère de sang si ce n’est d’esprit.
Ce fut aussi un meurtre pour lui-même, puisqu’un humain ne peut subsister sans cette relation à l’autre proche et différent.
Que peut une Intercontinentale des consciences dans ces situations critiques ?
Sinon inviter les hommes et les femmes de bonne volonté, à méditer et à prier d’abord, afin de poser des actes qui n’ajoutent pas de la violence à la violence mais de la conscience à la conscience.
Il ne suffit pas de belles paroles ou liturgies ; une spiritualité et une conscience non incarnées peuvent nous « sauver » ou nous « délivrer » du monde, mais elles ne sauvent pas le monde ni ne le rendent libre.
Jean Yves Leloup février 2022