Celui qui se nourrit de silence finit par savoir à quelles profondeurs on peut écouter...

Publié le par Paroisse Lillois

Celui qui se nourrit de silence finit par savoir à quelles profondeurs on peut écouter...

          Il y a une chose qui est nécessaire, qui est efficace, que nous seuls pouvons accomplir, c’est ce don silencieux de nous-mêmes, de cet effacement qui laisse transparaître Dieu. C’est ce silence où l’on écoute à la fois l’homme et Dieu, ce silence qui devient un espace, où l’on perçoit le mystère des autres, toutes leurs possibilités, toute leur grandeur virtuelle, tout ce qu’ils sont appelés à devenir et où l’on peut, sans rien dire, sans rien leur imposer, sans rien leur conseiller, où l’on peut secrètement laisser monter en eux la Présence qui les attend au plus intime d’eux-mêmes et dont ils ont à devenir, comme nous-mêmes, les vivants sacrements.

          Il est rarement utile de parler de ce Dieu caché en nous. Il faut le vivre car il est une Présence qui n’est efficacement connaissable qu’en vertu d’une libre adhésion. Nous avons tous un pouvoir infini, le même pouvoir que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, le même pouvoir que saint François ou saint Jean de la Croix, le même pouvoir que tous les mystiques inconnus qui sont les véritables colonnes de l’Eglise et de l’humanité, nous avons le même pouvoir de nous donner silencieusement à Dieu à travers les hommes et sans rien dire, sans prétendre ni prêcher ni convertir personne, nous pouvons être les témoins de l’Evangile qui est la Bonne Nouvelle de la lumière et de l’Amour. Il n’y a qu’une seule manière d’élever les âmes, c’est d’employer les méthodes de Dieu : des méthodes de silence...

          Il ne s’agit plus de nous, de notre accomplissement, de notre harmonie, toutes choses admirables et qui seront accomplies d’autant plus parfaitement que nous y penserons moins. Il y a quelque chose de plus parfait qui est de faire de tout cela un don, d’entrer dans l’univers pour le donner à Dieu, de faire de tout notre être une offrande inépuisable dans notre corps, dans toutes les fibres de notre chair, dans tous les élans de notre tendresse, dans toutes les manifestations de notre amour, dans toutes les recherches de notre esprit, dans toute la puissance de notre technique, dans la quotidienneté de notre travail. Faire de tout cela une espèce d’introït, de portique de lumière et d’amour pour que Dieu puisse entrer dans le monde, qu’il puisse y vivre, pour que toute réalité l’exprime et que nous en soyons nous-mêmes d’abord la première révélation...

« Je ne crois pas en Dieu, je le vis » de Maurice Zundel, Le Passeur, p. 50-51 ; 54

(Merci à Mgr Martin)

Publié dans réflexions, Carême, Zundel

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